Everyday pédaler is very important for the glaciers not to melt (a.k.a. P’tit Névé) est un travail pluriel et mouvant, qui s’intéresse aux glaciers alpins, à leur rôle dans les écosystèmes, à leur préservation et au regard que nous, humains, leur portons.

Il est pensé comme une tentative d’art d’attitude durable, action dont la forme se rapproche d’une performance au long court, ayant comme intention d’éprouver l’art au travers de la vie. Projet dont le processus même fait œuvre —fait « histoire », qui veut penser une pratique incluse dans le quotidien et dont l’intérêt artistique se trouve à tout moment de sa création : conception, réalisation, partage…

Les articles ci-contre, du plus récent au plus ancien, témoignent de ce travail en MOUVEMENT.

MES AUTRES TRAVAUX

@malolmao__

Cagnotte participative

Sauts de glaciers (2)

07/10/2023

Ce voyage est le premier que je fais avec la glacière. C’est, dans mon esprit, la première pierre du projet qui consiste à « relier les glaciers ». Pourtant, ce texte ainsi que les quelques autres que je publierai à sa suite ne sont pas tant le récit de cette aventure, mais plutôt celui d’un essoufflement. le témoignage d’un fiasco raconté en direct, vécu comme un retentissant échec. Une impasse trouvée au fond d’un val italien. Une remise en question si importante pour la suite.

Du cormet d’Arêches à la Thuile (ITALIE)

Sainte trinité, je ne le répèterai jamais assez : banane, chocolat, fruits secs. Puis… banane, chocolat, fruits secs. Deux fois. Trois fois. Ça sauve la vie. Je te jure.

L’état de vulnérabilité quand tu voyages. Ou dormir ? Quand est-ce que je vais arriver ? Suis-je livré à moi-même ? Qui se prolonge dans cette idée : quel est le prix à payer pour voyager ? Moi je le paie en souffrance ? Qui souffre à la place de celui-là sur sa moto ou en virée décapotable ? Well…

Problèmes techniques. 8h30. Refuge de la Coire. Je perds deux heures à bidouiller mon dérailleur. Toujours ce maudit dérailleur ! Et voilà que le vélo tombe à la renverse et que la chaîne casse ! Allez… Une heure de plus à galérer. Le comble, je ne sais même pas comment monter une chaine ! Je m’épuise à tourner et retourner l’installation dans tous les sens. Puis, à bouts de nerfs, je me résigne à descendre en roue libre pour retrouver du réseau. Google à la rescousse.

Hello Bourg-Saint-Maurice. De retour au rond-point de la mort : d’un côté c’est la montée vers Roselend, de l’autre celle vers Arêches. En face : la route qui grimpe au col du Petit-Saint-Bernard. Cette ville, c’est vraiment le fin fond de la cuvette. Je grignote un petit casse-croûte. Avec toutes ces mésaventures, il est déjà 14h…

L’ascension du col du Petit St Bernard est longue et lente. Mais sans encombre. Je grimpe cinq kilomètres. Je m’arrête. J’en grimpe six autres. Je m’arrête. Snack, p’tit signe de croix. Ça repart. Les genoux tiennent bon. Arrivé au-dessus de la Rosière, la vue sur le mont Pourri est imprenable. Mais passé le dernier virage, là, c’est encore plus beau ! La route ondule jusqu’au fond d’une vallée drue et aride. En face, la montagne est cabossée, criblée de pilonnes électriques. On ne devine que quelques pans de rocher, le reste recouvert d’un duvet rouge-orangé. Reliefs accentués, ombres projetées par un soleil de fin d’après-midi éclatant.

Pas loin d’arriver au col, au détour d’un virage, un vent frais me surprend. Est-ce l’Italie qui me souhaite la bienvenue ? Le Mont-Blanc se profile, dégagé, derrière les bâtisses. C’est peut-être lui qui dit bonjour ?

L’hospice du Petit-Saint-Bernard est fermé. Ok, pas grave. Mais il commence à se faire tard.

Alors je fonce à La Thuile. Petit village enclavé. Dans le fond de la vallée, il fait chaud. Les gens aussi sont chaleureux. Je tombe sur le gérant d’un hôtel. Il est complet, mais il me donne le numéro d’un gîte qui, lui aussi, me dirige vers un encore autre bed and breakfast : Le Cloux. Cette fois, Paola m’accueille avec plaisir dans une de ses chambres confortables. Il est 19h30. Comparé à la nuit dernière, le timing est meilleur ! Je vais pouvoir me reposer…

Et les glaciers sont en ligne de mire.